Préparer son pèlerinage vers Compostelle

Il n’y a pas de bonne ou mauvaise méthode pour préparer son pèlerinage sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. En effet, celle-ci variera suivant l’itinéraire et la période que vous aurez choisi pour effectuer votre Chemin. Toutefois, je pense que certains points sont communs à chaque itinéraire, et nous allons les aborder ensemble.

Choisir son mode de déplacement

C’est le premier point à définir avant toutes choses! Vous pouvez effectuer votre pèlerinage à pied, à vélo, à cheval ou encore avec un âne. Les marcheurs devront effectuer au moins les 100 derniers kilomètres s’ils souhaitent obtenir la Compostela (le diplôme du pèlerin), tandis que les cyclistes devront rouler au moins 200 kilomètres. Sachez toutefois qu’il est assez rare de pouvoir dormir en gîte avec un cheval ou un âne, il faudra dans ce cas trouver des hébergements spécialisés ou recourir au camping sauvage par exemple.

Choisir son itinéraire

Un très grand nombre de chemins officiels existent. Je vous invite à parcourir le site de l’ACIR qui recense les différentes voies en France et en Espagne. Quelques pèlerins partent à pieds depuis la porte de leur domicile, puis rejoignent l’une des principales voies. Toutefois, la très grande majorité des personnes choisissent de débuter leur chemin depuis l’un des départs de voie.

chemins
Les itinéraires du Chemin de Compostelle

Évidemment, l’itinéraire que vous choisirez dépendra également du temps que vous accorderez à votre chemin. Si vous ne souhaitez pas marcher plus d’une semaine, il faudra songer à faire le chemin en plusieurs fois (par exemple chaque année), ou ne faire que les dernières étapes.

À ce propos, si vous vous donnez la possibilité de faire le chemin en une seule fois, que ce soit uniquement la partie espagnole ou également la partie française, votre pèlerinage aura une symbolique plus forte et vous marquera d’avantage. En effet, marcher 1 semaine par an ne laisse pas le temps au corps de s’habituer. Le corps est à peine rodé qu’il faut déjà s’arrêter. Toutefois, à chacun son Chemin. Il n’y a pas de bonne ou mauvaise façon de faire le Chemin. Le plus important étant de le faire à sa façon.

Choisir la période

Les deux meilleures périodes pour effectuer son pèlerinage sont en mai et en septembre. En mai, il ne fait pas encore trop chaud et il n’y a pas la foule que l’on peut rencontrer en été. Si vous partez depuis l’une des 4 voies en France, partir courant mai vous permettra peut-être d’arriver à Santiago de Compostela pour la Saint-Jacques, le 25 juillet. Une grande célébration y est donnée chaque année. En septembre, la météo est généralement encore bonne et il y a encore moins de monde! Toutefois, attention, si vous souhaitez parcourir le Chemin dans son intégralité, il faut savoir que beaucoup d’hébergements ferment mi-octobre.

Choisir un guide

Il existe une multitude de guides sur le Chemin. Étant donné qu’il existe plusieurs itinéraires en France comme en Espagne, il faudra acheter un guide pour chaque itinéraire parcouru (1 pour la partie française et 1 pour la partie espagnole). Cependant, sachez que si vous souhaitez parcourir le Camino Francés, à Saint-Jean-Pied-de-Port, l’association des Amis du Chemin de Saint-Jacques délivrent gratuitement des documents papiers recensant la grande majorité des hébergements espagnols de cette voie ainsi que les courbes de dénivelés.

Il existe de nombreux topo-guides, comprenant généralement un découpage des étapes, des cartes topographiques pour chaque étape, un descriptif pas à pas sur l’itinéraire à suivre et parfois des informations touristiques.

L’inconvénient principal de tous ces guides papiers, c’est qu’ils ne peuvent pas vous garantir de contenir toutes les informations parfaitement à jour. Ils sont souvent imprimés en fin d’année et il arrive parfois que les prix évoluent en cours d’année, que de nouveaux hébergements voient le jour ou dans le cas contraire que certains ferment! Quoi qu’il en soit, je pense qu’il est utile de détenir l’un de ces guides, au moins pour la partie française.

Choisir son matériel

Le sac à dos

sacL’un des deux matériels les plus importants lors d’un pèlerinage, c’est le sac à dos. Il sera votre maison pendant plusieurs semaines et vous le porterez tous les jours pendant plusieurs heures. Il est donc indispensable de partir avec un sac léger! Un sac trop lourd nous ralenti, peut être dangereux lors de certains passages à fort relief et ce n’est vraiment pas l’ami des articulations.

Certains sites conseillent de partir avec un maximum de 12kg pour les hommes et 10kg pour les femmes. C’est bien trop! Ce que je vous conseille, c’est de partir en étant le plus léger possible. À titre d’exemple, nous avions chacun un sac d’un peu moins de 6kg tout compris (incluant donc l’eau de 1,5L soit 1,5kg et la nourriture pour la journée).

Si vous parcourez le chemin en été, une bonne solution est d’opter pour un sac à dos à filet tendu. Votre dos n’est donc pas en contact direct avec le sac, ce qui permet de ventiler votre dos et ne pas trop transpirer. Ce type de sac n’est pas confortable lorsque le poids de ce dernier est trop élevé. Tiens, encore une raison pour cheminer léger!

Les chaussures

C’est le second matériel le plus important sur le Chemin, car vous allez marcher des dizaines de kilomètres par jour. Il est donc important de faire le bon choix si vous ne souhaitez pas souffrir.

Le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle n’étant pas une randonnée dans l’Himalaya ou tout simplement en montagne, il est inutile de partir avec des chaussures hautes. À moins d’avoir une cheville extrêmement fragile, il sera sans doute préférable de partir avec des chaussures basses. En effet, une chaussure à tige moyenne bloque en partie le déroulement de votre pied, ce qui fatigue plus rapidement vos pas lorsque le terrain est plat ou sur du goudron. Et le Chemin est principalement plat.

Beaucoup de pèlerins font le choix des chaussures de trail. Elles sont plus légères, nous fatiguent donc moins vite mais s’usent plus rapidement. D’autres choisissent de parcourir avec des sandales. Pas de problèmes d’ampoules ou de séchage. Mais la cheville n’étant absolument pas maintenue, il est préférable de choisir cette option si l’on a des chevilles bien robustes.

Le meilleur choix est sans doute la chaussure de marche à tige basse. Les fabricants Merrell et Salomon font de très bonnes chaussures basses.

merrell

Quid de l’étanchéité? Oui, il peut pleuvoir sur le Chemin (nous en avons fait l’expérience avec les 2/3 du chemin en France sous la pluie). Prendre des chaussures imperméables est-il donc indispensable? Je ne pense pas. Bien au contraire! Les chaussures imperméables, même en Gore-Tex, sont plus lourdes qu’une paire classique, empêcheront vos pieds de respirer correctement ce qui augmentera le risque d’ampoules, et mettront un temps nettement plus important pour sécher puisque l’eau y restera à l’intérieur! Il faut le savoir, à partir de plusieurs heures de marche, même une chaussure imperméable finira par laisser rentrer l’eau en perdant de son étanchéité. En revanche, une chaussure classique ou même aérée avec un tissu mesh, permettra à l’eau de s’évacuer rapidement et de sécher rapidement. De plus, qui dit aéré, dit moins de transpiration donc moins d’ampoules. Voire aucune!

Un conseil à retenir pour toutes les chaussures fermées : si vos chaussures sont mouillées, pratiquement tous les hébergements mettent à disposition du papier journal afin de le glisser dans les chaussures pour absorber l’humidité pendant la nuit.

Enfin, il est important de ne pas partir avec des chaussures neuves. Il faut les casser avant votre départ en marchant régulièrement avec. Les chaussures neuves font mal aux pieds, serrent généralement trop nos pieds ce qui augmente le risque d’ampoules.

Les vêtements

Il est inutile d’emporter des vêtements pour chaque jour de la semaine. En hébergement, on peut laver ses vêtements tous les soirs et s’ils ne sont pas secs le lendemain matin, ils sècheront dans le courant de la journée au soleil accrochés sur votre sac à dos. Seulement deux jeux de chaque vêtement est largement suffisant.

En coton ou en synthétique? Le coton est extrêmement long à sécher et retient l’humidité pendant l’effort. Le synthétique a l’avantage de sécher nettement plus rapidement et d’être très léger! Toutefois, les vêtements synthétiques (ou techniques) ont la fâcheuse tendance à retenir les odeurs plus que les autres. Le mieux étant une 3e matière : la laine de mérinos. Les mérinos, ce sont une race de moutons que l’on retrouve notamment en Nouvelle-Zélande. On a eu la chance d’en voir sur place lors de notre voyage en Nouvelle-Zélande et les propriétés de cette laine sont fantastiques! Cette laine tient chaud lorsqu’il fait froid, et frais quand il fait chaud. Elle est légère, respirante, ne gratte pas, et surtout naturellement anti-odeurs et anti-microbienne! On peut porter un vêtement en laine de mérinos plusieurs jours sans le laver et il sentira toujours aussi bon et il sera presque aussi propre qu’au premier jour. L’inconvénient c’est son prix un peu plus élevé mais qui en vaut vraiment l’investissement. Nous concernant, nous avions un t-shirt manche longue, un t-shirt manche courte et 1 paire de chaussettes en laine de mérinos. On trouve ce type de vêtement en surface spécialisée classique comme Decathlon, toutefois, la meilleure qualité et donc efficacité revient au fabricant néo-zélandais Icebreaker.

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Se procurer une credencial (ou créanciale)

La credencial est en quelque sorte le passeport du pèlerin. C’est grâce à elle que l’on pourra dormir dans une auberge municipale en Espagne, car elle y est obligatoire. Certains gîtes en France peuvent également vous la demander pour vous laisser dormir, mais dans la très grande majorité des cas elle n’y est pas obligatoire.

À chaque fin d’étape, vous devez la faire tamponner et dater à l’église du village, directement dans l’auberge ou tout autre lieu sur le Chemin proposant un tampon. De cette façon, vous pourrez justifier d’avoir parcouru les 100 derniers kilomètres minimum requis et ainsi obtenir la Compostela à Saint-Jacques-de-Compostelle.

De plus, ce carnet du pèlerin est également un souvenir que l’on aime conserver une fois le Chemin achevé.

Il existe une multitude de credencial, que l’on peut acheter en ligne, au près d’associations Jacquaires ou souvent aux départs des principales voies. Sachez toutefois que si vous souhaitez partir depuis l’une des 4 voies françaises, la majorité des credencials n’ont pas suffisamment de cases et il vous faudra en acheter une seconde. De notre coté, nous avons opté pour la credencial de l’association Les Chemins Vers Compostelle proposant 94 grandes cases.

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La credencial est le passeport du pèlerin

Une préparation physique est-elle indispensable ?

Il est préférable de faire un peu de sport avant de partir faire le Chemin. Cependant, on a croisé plusieurs personnes sur le Chemin n’ayant jamais fait de randonnée auparavant, elles ne semblaient pas plus fatiguées que les autres pèlerins. Il n’est donc pas indispensable de se préparer physiquement, mais plutôt conseillé. Vous aurez une meilleure endurance et surtout une meilleure récupération. De cette façon, vous éviterez également les blessures musculaires, courantes les premiers jours.

Cependant, en dehors de l’aspect physique, il est très important de faire des sorties de test avec l’ensemble de votre matériel, en conditions réelles. Vous pourrez ainsi régler certains problèmes ou vous apercevoir par exemple que votre sac est trop lourd ou qu’il comporte des choses inutiles.

Quelques conseils pratiques

Il faut garder en tête que le Chemin traverse énormément de petits villages. Il est donc inutile de se charger en prenant des choses en grand nombre car on trouvera toujours une épicerie ou des boutiques spécialisées pour le pèlerin pour nous dépanner. De plus, le Chemin est également un lieu de partage et d’entraide.

Ne vous chargez pas non plus avec 2L d’eau ou plus! À part pour quelques étapes, il y a de nombreux points d’eau et épiceries sur le Chemin.

Vérifiez que votre carte bancaire vous permet de payer et retirer de l’argent à l’étranger, et que le plafond de retrait n’est pas trop faible.

Enfin, pensez à faire votre demande de carte européenne d’assurance maladie, au moins 15 jours avant votre départ, qui vous permettra d’attester de vos droits à l’assurance maladie et de bénéficier d’une prise en charge sur place pour vos soins médicaux.

07 septembre 2016
Photo de Rémy
À propos de l'auteur : Rémy

« Passionné par la découverte de nouvelles choses, les grands espaces et la randonnée! C'est à l'autre bout du Monde, en Nouvelle-Zélande, que j'ai souhaité commencer à vivre de nouvelles aventures. Puis rapidement, d'autres aventures se sont suivies. »

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